Des femmes agressées par la police à Sfax

Appel au secours d'une jeune fille :

 L'humanité n'est plus ?

 […] Je lance ce cri après avoir subi avec un groupe de sœurs une agression honteuse de notre intégrité mentale et physique […]. Nous nous sommes rencontrées après la prière du vendredi, le 2 mai, au domicile d'une de nos amies pour passer une bonne soirée, pour discuter comme dans toute rencontre informelle entre amis, où on oublie la monotonie de la vie et l'on se divertit. Nous étions environ huit sœurs dont les familles sont originaires de Sfax (Bakkar, Ghorbal, Ouali, Dhiab, Drira, Jallouli, Kallel, Chaabane, …) . Nous nous sommes retrouvées dans la maison d'une des sœurs et nous avons eu la surprise de voir la maison investie par des forces de la police politique, en grand nombre. Elles nous ont entassées dans une voiture de police, y compris une femme d'âge mûr, la belle-mère de la sœur qui était notre hôte, ainsi que son mari, un médecin spécialisé. Les humiliations terrifiantes ont commencé dès ce moment et se sont prolongées lors de l'enquête qui a duré de longues heures. Nous avons connu toutes sortes d'humiliations, de coups et de gifles, avec des câbles en plastique, pour nous extorquer des aveux. Nous avons eu la surprise de trouver là un autre groupe de sœurs qui avaient été kidnappées sur la voie publique alors qu'elles revenaient de la mosquée El Manar, jetées dans une voiture de police et conduite au poste du district de Bab Bhar où elles ont été entassées dans un local exigu et indigne. Ces pratiques ont laissé des séquelles inquiétantes dans nos têtes et les violences physiques, des traces, des bleus et des gonflements sur les joues de certaines d'entre nous, dus aux coups et aux gifles. Les traces de flagellation sont visibles sur les jambes d'autres sœurs et attestent de la sauvagerie de ce traitement visant à arracher des aveux dans lesquels nous n'avons rien à voir. Sans parler de la sauvagerie et de la saleté des propos qui ont plu sur nous et les menaces d'atteinte à notre pudeur. Aucune des jeunes filles ne savait pourquoi la descente au domicile, pourquoi nous avoir mises dans un véhicule de la Sûreté, pourquoi une enquête si pénible, car elles ne font ni plus ni moins que ce que font tous les jeunes gens et jeunes filles de cet âge : se retrouver avec des amis chez soi. Notre nombre se comptait sur les doigts de la main quand dans les anniversaires, il y a des dizaines d'invités […]

Certaines d'entre nous ont été relâchées à la fin de la nuit après que nous ayons été obligées de signer six feuillets pliés, et gare à celle qui poserait la question de leur contenu ! Et ils ont gardé les autres ainsi que le mari pour achever les actes de cette pièce de théâtre sur une fin justifiant les agressions […]

Assumez vos responsabilités […] Empêchez ce bulldozer sécuritaire d'écraser tout ce qui est sur son chemin sans se soucier de l'hypothèque qu'il fait peser sur l'avenir du pays […]

Une victime de l'agression

(Source : Tunisnews du 5 mai 2008)

(traduction d'extraits ni revue ni corrigée par l'auteure de la version en arabe, LT)

 

 

 

 

 

 

 

 

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